Un chiffre sec, une réalité nette : avec 3 000 euros par mois, beaucoup pensent que la porte de la propriété leur est fermée. Pourtant, ce palier salarial n’a rien d’anecdotique sur le marché immobilier. Les ménages aux revenus intermédiaires, loin d’être marginaux, s’invitent dans la course à l’achat. Si toutes les cases sont cochées, un foyer qui affiche 3 000 euros mensuels a bel et bien une carte à jouer pour devenir propriétaire. Concrètement, avec une limite d’endettement fixée à 33%, cela représente, chaque mois, un remboursement de 990 euros. En ligne de mire ? Un crédit immobilier qui peut grimper jusqu’à environ 243 000 €.
Quel pouvoir d’achat immobilier pour 3 000 € de revenus mensuels ?
Dans les faits, les banques calculent la capacité d’emprunt en retenant jusqu’à 35% du revenu net imposable, assurance emprunteur comprise. Pour rester clair, prenons la limite de 33%. Ce taux d’effort, c’est la règle d’or pour ne pas voir son budget sombrer. Après ce calcul, le montant obtenu dessine la valeur maximale du bien accessible, sous réserve de disposer d’un apport suffisant.
Un primo-accédant qui déclare 3 000 €/mois peut donc s’engager sur des mensualités de 990 €. Selon l’Observatoire du logement de l’ASC et du crédit, en janvier 2021, les taux moyens pratiqués étaient les suivants :
- 0,95 % sur 15 ans,
- 1,07 % sur 20 ans,
- 1,33 % sur 25 ans.
À partir de ces taux, voici à combien se chiffre un prêt accessible à ce profil :
- 244 700 € sur 25 ans,
- 209 400 € sur 20 ans,
- 163 700 € sur 15 ans.
De tels montants ouvrent la porte à un petit appartement dans une grande ville, ou à une maison plus spacieuse en périphérie, à condition d’avoir la somme nécessaire pour les frais annexes.
À noter : le coût total du crédit intègre également celui de l’assurance emprunteur, dont le tarif dépend des garanties retenues.
Quel logement acheter avec ce budget ?
Regardons ce que permettent ces budgets sur le terrain, en s’appuyant sur les prix moyens du baromètre LPI de janvier 2021 pour l’ancien, et de l’Observatoire de la Fédération des promoteurs immobiliers pour le neuf (novembre 2020).
Un prêt de 244 000 € donne accès à un appartement ancien d’environ 62 m² dans la métropole de Rennes. Mais sur la métropole du Grand Paris, il faudra se contenter d’un bien de 32 m² : un studio, tout simplement. À l’inverse, la métropole du Grand Nancy permet de viser beaucoup plus grand, avec 106 m².
Pour un logement neuf, le même budget permettra d’acheter un appartement de 52 m² à Lyon. Opter pour l’ancien, dans cette ville, fera gagner 1 m² supplémentaire.
La différence de prix entre neuf et ancien peut grimper jusqu’à 40%. À Grenoble, un appartement neuf de 66 m² entre dans le budget ; choisir l’ancien fait bondir la surface à 87 m², de quoi poser ses valises et voir l’espace autrement.
Malgré cet écart, de nombreux primo-accédants se tournent vers le neuf, notamment parce qu’ils peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro, jusqu’à 40% du montant, ce qui change la donne pour un premier achat.
Qui peut bénéficier d’un premier prêt d’accession ?
Avant toute chose, il faut montrer patte blanche côté stabilité professionnelle. Un jeune couple cumulant moins de trois SMIC peut devenir propriétaire, mais la condition sous-jacente reste la sécurité de l’emploi, CDD ou CDI à la clé.
La composition du foyer compte aussi, car elle intervient dans le calcul du reste à vivre. Bonne nouvelle pour les familles nombreuses : allocations et pensions sont intégrées dans la capacité de remboursement, selon l’âge des enfants.
Un autre passage obligé, c’est d’être en mesure de prendre en charge les frais liés à l’achat. Comptez environ 8% du prix pour l’ancien, et 4% pour le neuf.
Par exemple, mettre la main sur un appartement neuf à 200 000 € demandera une épargne d’au moins 8 000 €. Dans l’ancien, il faudra réunir près de 20 000 €. Un ticket d’entrée élevé, qui freine souvent les ménages aux ressources plus modestes.
Face à cette difficulté, il existe une solution sur-mesure : le prêt d’accession sociale. Ici, l’acheteur commence par être locataire, tandis qu’un organisme prélève une partie du loyer chaque mois pour constituer un apport. Après cinq ans, il peut lever l’option d’achat et devenir propriétaire du logement occupé.
Pour ceux qui imaginaient la propriété comme une affaire de hauts revenus, la réalité du crédit immobilier réserve bien des surprises. Loin des discours figés, une nouvelle génération d’acheteurs construit son accès à la propriété, mètre carré après mètre carré, parfois au prix d’une patience stratégique. L’ascenseur social de la pierre, aujourd’hui, n’attend plus que ceux qui osent appuyer sur le bouton.

